Et si le système encourageait à toujours embaucher davantage plutôt qu’à toujours ponctionner davantage ? (mise à jour le 1er avril 2013). Ce sont les entreprises qui embauchent (surtout les petites et les plus jeunes, cf rapport de l’OCDE), créent de la richesse et de l’emploi pérenne, quel scoop ! Alors, plutôt que d’aider désespéremment des entreprises et secteurs qui vont mal, aidons ceux … qui n’ont pas besoin d’aide ! … drôle d’idée ? pas tant que ça.
Le chômage non seulement persiste mais progresse, inexorablement, dramatiquement. Face à ce fléau, le gouvernement, les gouvernements, semblent dépassés, voire impuissants, cherchant à combler les brèches des plans sociaux ou recréant des emplois publics, comme pour compenser. Tels les sudistes “D’autant en emporte le vent” désemparés face à Atlanta dévorée par les flammes, nous avons parfois le sentiment face au chômage que c’est autant en emporte la crise …
De leur côté, les entreprises, dont tout le monde sait (ou reconnaît, comme un aveu) qu’elles sont la solution à l’emploi, souffrent d’un manque de compétitivité, atteignent des seuils critiques, en appellent à une prise de conscience de l’opinion publique et de la classe dirigeante. C’est aujourd’hui un avis d’ouragan qui est lancé par les petits et les grands patrons.
Pour ne rien arranger, notre contexte politico-social, ancré dans des convictions philosophico-dogmatiques, attise et régénère la lutte des classes et des partis, rendant le plus souvent les arguments inaudibles, et la conversation impossible. Les « pigeons » devenant pour certains des « vautours » ou des « pleurnichards », surtout lorsque parallèlement, dans un joyeux amalgame, d’autres rappellent des chiffres de distributions de dividendes qui peuvent, il faut bien le reconnaître, rentrer en dissonance avec le contexte.
Finalement, on en arrive à cette idée de taxer encore et toujours, ménages et entreprises, comme si la cravache fiscale allait permettre au cheval qui nous porte d’avancer plus vite. Le ras le bol fiscal s’est même désormais transformé en “à quoi bon fiscal ?“
Alors, comme l’époque est à la lettre ouverte et au brainstorming géant, voici une contribution pour essayer de voir les choses autrement, en inversant le regard pour tenter de trouver un cercle vertueux de création d’emplois.
Plutôt que de taxer et de jalouser la réussite, il faut l’encourager et l’envier.
Plutôt que s’évertuer à soutenir artificiellement des entreprises et des secteurs en difficulté, aidons ceux qui ont des perspectives a en avoir de plus grandes, car des entreprises qui embauchent ou ont besoin d’embaucher, il y en a ! Ces entreprises ont des perspectives, sont volontaristes. Ce sont des entreprises en développement, des locomotives pour la société tout entière. L’idée du cercle vertueux est d’encourager davantage la croissance plutôt que d’essayer de freiner la crise : plus j’embauche, plus je gagne à embaucher, avec un coût marginal qui se réduit au fur et à mesure de la dynamique d’embauche. Une façon de revaloriser les entreprises comme acteurs citoyens, comme des partenaires de l’emploi. On ne parle que des plans sociaux, on ne parle jamais des plans d’embauches !
Il ne faut pas réduire le chômage, mais développer l’emploi.
La “formule” peut paraître stupide et facile car au fond elle dit la même chose. En réalité, elle le dit de façon radicalement différente, de façon extraordinairement plus forte, plus positive, moins fataliste. Elle dit d’aller en avant plutôt que de dresser des barricades. Réduire le chômage, c’est chercher à préserver des emplois souvent perdus et à montrer du doigt les patrons bourreaux. Développer l’emploi, c’est se fixer un objectif positif, c’est encourager, c’est montrer que tout n’est pas noir, c’est accepter de montrer que les patrons sont aussi des recruteurs, des partenaires lorsqu’il est si facile de les livrer à la vindicte populaire.
Chaque mois, aux Etats-Unis, on attend “les chiffres de l’emploi”, en France “les chiffres du chômage”. Il faut changer d’indicateurs.
Le principe consiste à indiquer, repérer, les entreprises et les secteurs qui sont sur une tendance positive de création d’emplois. Un affichage qui serait également utile pour aiguiller les étudiants dans leurs choix de filières et lutter ainsi contre des cursus en impasse de débouchés. Nous savons chaque mois le nombre de nouveaux chômeurs, mais personne ne sait ni ne parle du nombre de nouveaux actifs ! Lorsque 10 000 chômeurs supplémentaires sont annoncés, personne ne sait si cela correspond à 90 000 créations – 100 000 destructions ou 10 000 – 20 000 ! Mais également, soyons cohérents: lorsque nous lisons les classements ou autres annonces des entreprises qui disent recruter, là non plus nous ne connaissons pas le solde. Hors, recruter 1000 personnes parce que l’entreprise a un fort turnover et va rester plus ou moins au même niveau, ou recruter 1000 personnes véritablement supplémentaires parce que l’entreprise est en pleine croissance, ce n’est pas la même chose. Il ne s’agit pas de juger de la qualité des embauches, mais de la qualité de l’information.
CREATION DU “SNCE”:
Les entreprises doivent être récompensées pour leur « fidélité » à l’emploi. Aujourd’hui ce ne sont pas les données comptables, fiscales et sociales qui manquent pour savoir si une entreprise ou un secteur est en dynamique positive ou négative sur l’emploi. Chaque entreprise disposerait alors de son « SNCE », son Solde Net Création d’Emplois : recrutements – départs. Plus le SNCE est positif (on peut le mesurer en valeur absolue ou en indice), plus l’entreprise (ou le secteur) dispose de facilités/aides/encouragements à aller encore plus loin et plus vite. C’est une sorte d’abondement public à l’emploi.
Et plus ce SNCE est positif, plus l’entreprise est une … EPE, une Entreprise Partenaire de l’Emploi, ce peut être une source de fierté collective interne, et même de revendication. (qui aujourd’hui peut facilement, et surtout précisément, dire ou savoir où en est telle ou telle entreprise, ou même la sienne, en terme de dynamique de l’emploi ?).
Des indicateurs et des encouragements qui peuvent être différenciés par type de contrat (SNCE-CDI ; SNCE-Apprentissage ; SNCE-Handicap, Etc.) / également susceptibles d’être calculés par secteur, par région, etc. (« le SNCE du secteur Y est à 115 … »), soit énormément de vertu pédagogique et incitative dans une forme d’émulation positive sur l’emploi et d’indicateurs d’orientations vers les marchés de l’emploi.
Une façon également de lutter contre nos logiques de seuils qui sont des barrages au développement. Ces digues doivent être abattues, pour avoir un intérêt à les dépasser plutôt, comme aujourd’hui, qu’un intérêt à s’y arrêter face à cette situation ubuesque : plus je me développe, moins je gagne à me développer … et tout le monde y perd.
Alors, chiche ? : les entreprises sont parties prenantes, sont engagées, ont des responsabilités sociales (et environnementales), certaines le revendiquent et tant mieux : donnons les moyens aux entreprises d’afficher leur engagement pour l’emploi, et, le cas échéant, de les encourager et de les féliciter pour cela : il ne faut pas faire du name and shame, mais du name and pride !
–> le pacte de responsabilité n’a pas besoin d’un pseudo accord entre le gouvernement et les entreprises, le pacte de responsabilité existe déjà à travers le rôle des entreprises en tant qu’acteurs politiques, et surtout le pacte de responsabilité existe déjà, il suffit de regarder les chiffres, de ne pas compter uniquement les embauches, mais le solde net, le SNCE, le Solde Net Création d’Emplois pour savoir si les entreprises sont les EPE, des Entreprises Partenaires de l’Emploi. En valeur absolue ou en indice relatif à l’effectif (+1 collaborateur à 10 ou à 1000 n’a pas la même valeur), le SNCE permettra d’identifier des EPE niveau E, double E … ou triple E … pour enfin récompenser les entreprises qui connaissent chaque année une croissance à deux chiffres … de leur effectif, et pas uniquement de leur bénéfices.
Encourager plutôt que sanctionner.