LES ELITES SE DÉLITENT

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Intéressant baromètre, qui confirme nos convictions avec le mérite de poser des chiffres références.

L’analyse de la Sofres:

Une baisse continue de la confiance dans l’avenir

La confiance dans l’avenir n’a jamais été aussi basse. Environ les 2/3 des Français, il y a 20 ou 30 ans, avaient confiance dans l’avenir. Ils ne sont aujourd’hui qu’un peu plus d’un tiers.

 

Cette crainte s’accompagne d’une avalanche de considérations pessimistes sur l’avenir de l’humanité, sur fond on le sait d’une défiance vis-à-vis de la mondialisation inégalée au sein du monde occidental : 85% des Français pensent que le monde va mal, et 49% disent que la situation va encore se dégrader. Le quart des Français seulement (27%) a confiance dans l’avenir des générations futures, et moins d’un cinquième (19%) dans la capacité des Hommes à préserver la planète.

Ce pessimisme sur l’avenir collectif ne se traduit certes pas en désespérance personnelle massive : les 3/4 des Français déclarent avoir confiance en eux-mêmes (77%), et les 2/3 pensent qu’ils vont arriver à s’en sortir. Toutefois la confiance en soi est beaucoup plus faible dans les jeunes générations, fortement affectées par les difficultés du marché de l’emploi : 64 % seulement des 15-25 ans déclarent avoir confiance en eux contre 86% des plus de 60 ans, et une proportion identique pense pouvoir s’en sortir. C’est donc 1/3 de la jeunesse qui manque aujourd’hui du ressort le plus intime et le plus puissant de la confiance : la confiance en soi.

Mais au-delà de l’avenir, la dernière édition de l’Observatoire de la Confiance de La Poste confirme l’existence au sein de la société française d’une défiance généralisée et qui s’aggrave avec le temps, vis-à-vis d’autrui, des élites, des grandes institutions, comme  des mécanismes de régulation économique et sociale.

Nous sommes bien là face à un phénomène culturel, mais pas seulement : l’ampleur des évolutions sur les dernières décennies souligne également l’historicité du phénomène, dans une société confrontée depuis 40 ans au développement du chômage de masse.

La difficulté à construire des relations de confiance avec autrui, hors du cercle des intimes

Plus une personne est « proche » et plus la confiance qu’on lui porte est importante. Nous pouvons ainsi dégager 3 cercles de confiance :

Le cercle des intimes : le conjoint, la famille, les amis, des personnes avec lesquelles on partage les mêmes valeurs, les mêmes intérêts, avec lesquelles on échange au quotidien. 99% des Français disent faire confiance à leur conjoint, 94% à leur famille et 93% à leurs amis.

Le cercle des proches suscite des appréciations plus contrastées : s’il s’agit de personnes que l’on connaît et qu’on est amené à fréquenter, des doutes peuvent exister sur leurs intentions réelles et leur capacité à agir dans le même intérêt que nous. 62% des actifs font confiance à leurs collègues, et 59% des Français à leurs voisins, une proportion qui tombe chez les internautes à 42% pour les personnes qu’on fréquente sur les réseaux sociaux. Il est intéressant de noter que la confiance dans les proches est fortement corrélée à la confiance en soi : sans ce socle de confiance, il n’est pas possible de s’ouvrir aux autres.

Et enfin le 3e cercle semble beaucoup plus menaçant : celui des « autres » en général, vis-à-vis desquels la confiance laisse place à la défiance. Ainsi seuls 23% des Français disent «pouvoir faire confiance à la plupart des gens», contre 77% qui estiment qu’on n’est « jamais assez prudent quand on a affaire aux autres ». Si cette méfiance à l’égard de « l’inconnu » peut sembler logique, il faut noter qu’elle constitue une « exception française » : nos compatriotes figurent parmi les plus défiants, à l’opposé des Scandinaves qui, pour les deux tiers, disent qu’on peut faire confiance à la plupart des gens qu’on rencontre, ou des Américains qui sont près d’un sur deux à faire confiance a priori.

Politique et vie de la cité

Le personnel politique subit un discrédit massif, qui s’est amplifié depuis 20 ans : on ne compte plus que 7% des Français qui disent avoir confiance dans les hommes et  femmes politiques, contre  29% en 1982 et 27% en 1993.

Cette dégradation de l’image des politiques, associée à l’augmentation de l’abstention et des votes blancs ou nuls, sont souvent cités comme les symptômes d’une crise plus profonde de la représentativité politique en France.

Les maires, acteurs politiques de proximité, demeurent des figures appréciées (51%) même s’ils ont perdu près de 20 points depuis 1982.

Dans le même esprit, 5% des Français seulement font confiance aux partis politiques, contre 22% il y a 30 ans. Une défiance historiquement haute, alimentée sans doute par la crise de succession à la tête de l’UMP, concomitante de la dernière enquête.

 

 


L’Etat
 suscite aujourd’hui la confiance de 30% des Français, un niveau de confiance plus bas que celui de ses principales institutions, alors même que, on le sait, les Français attendent beaucoup de lui. L’effet des doutes sur sa capacité d’action, dans un contexte où les centres de pouvoir semblent s’être déplacés vers l’Europe et la sphère économique ? L’effet de sa difficulté à se réformer lui-même ?

Parmi les fonctions régaliennes de l’Etat, seule l’armée continue de bénéficier d’une confiance massive (à 72%). Son rôle semble aujourd’hui doublement valorisé : par sa fonction protectrice d’une part, appréciée dans un contexte anxiogène, et par son implication dans des actions humanitaires d’autre part.

Les jugements sont plus circonspects, et en érosion sur la dernière décennie, concernant la police et la justice : respectivement 59% et 37% des Français leur font confiance. Engorgement des tribunaux, coûts des procédures, opacité du système judiciaire, débats sur la récidive, la crise de la confiance dans la justice française n’est pas nouvelle. Dès le début des années 80, on comptait moins d’un Français sur deux à déclarer lui faire confiance. La confiance dans la police s’était, elle, maintenue jusque dans les années 2000 à un bon niveau (environ les ¾ des Français lui faisaient confiance) et n’a décroché que récemment.

Les services publics quant à eux n’inspirent confiance qu’à un Français sur deux, avec des craintes importantes pour les 2/3 des Français sur le système de protection sociale (retraite, chômage). Un point d’autant plus préoccupant que le système de protection sociale constitue aujourd’hui aux yeux des Français le facteur le plus décisif pour les aider à « s’en sortir ». Le système de santé suscite une meilleure confiance, quoiqu’en nette érosion sur les dix dernières années.

L’école enfin continue de susciter, en dépit des critiques dont elle fait l’objet, la confiance d’une majorité de Français en dépit d’une érosion sur la dernière période.

Parmi les institutions internationales, l’ONU et l’Union Européenne connaissent, en termes de confiance, des sorts différents. Si l’ONU, « juge de paix » international, conserve un assez fort crédit de confiance, il n’en va pas de même pour l’Union Européenne, en baisse régulière. Sur fond de crise de la dette, multiplication des sommets de la dernière chance et remise en question de la solidarité financière des états européens, l’UE ne bénéficie plus aujourd’hui que de la confiance du tiers des Français.

 

 


Le monde associatif 
: Les associations de consommateurs et les associations humanitaires continuent de susciter une confiance massive. C’est particulièrement le cas pour les associations de consommateurs, créditées de défendre les intérêts de chacun, et qui emportent la confiance de 81% des Français. Un niveau de confiance de 16 points supérieur à celui des associations humanitaires, qui, faisant appel à la générosité, demandent aux citoyens un effort pour un bénéfice qui ne les concernent pas directement et profitent d’un sentiment de proximité un peu moindre. Notons enfin à cet égard que les Français engagés dans une association se montrent plus confiants, tant dans les institutions politiques et sociales (57% ont confiance dans les services publics vs 47% pour les Français qui ne font pas partie d’associations), que dans autrui (29% font confiance aux autres vs 16%), ou dans l’avenir des générations futures (33% vs 23%).

 

 


L’univers médiatique et l’information
 :  La confiance dans les medias est restée stable (et faible) depuis l’an 2000 : environ 1/4 des Français déclarent leur faire confiance. Aujourd’hui, les médias traditionnels et le bouche-à-oreille par les proches continuent de susciter une confiance beaucoup plus forte qu’Internet :

 

  • Les médias traditionnels : 46%
  • Bouche-à-oreille de proches : 44 %
  • Infos sur Internet : blogs, forums, réseaux sociaux, wikipedia … : 29 %

 

 

 

La sphère économique

La confiance dans les banques a vertigineusement chuté en 30 ans, de 63% de confiance en 1982 (date à laquelle les grandes banques étaient nationalisées) à 25% aujourd’hui. Une chute continue, préexistante à la crise financière actuelle, que celle-ci a néanmoins amplifiée.

Les chefs d’entreprise inspirent aujourd’hui confiance à 44% des Français. Un décrochage s’est opéré en 2002, avec l’affaire Vivendi et les premiers « scandales » sur les « salaires des patrons », mais la crise actuelle ne semble pas avoir d’impact.

Et toujours s’observe un formidable écart entre la confiance suscitée par les petites entreprises, qui incarnent la proximité, l’intégrité, le travail, et les grandes entreprises, qui symbolisent aux yeux des Français les désordres de la mondialisation.

 

 

La science et le progrès : la confiance reste massive

En dépit des craintes sur l’avenir, la science et le progrès (dans l’esprit des Français, le progrès signifie avant tout le progrès scientifique) continuent de susciter une confiance massive, malgré une légère érosion.

 

 

LE RAPPORT COMPLET:

Cliquer pour accéder à 2013.01.10-confiance.pdf

 

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