La responsabilité des Médias sur notre Moral …

Les médias devraient-ils (aussi) nous remonter le moral ?

Écume médiatique, petites phrases, court-termisme, querelles politiques, plans sociaux, chômage, … est-il possible, sans minimiser les difficultés, de tourner le projecteur pour parler de la France qui entreprend et qui réussit ?

Le lundi je suis particulièrement attentif aux informations parce que j’ai un édito à écrire entre le lundi soir et le mardi matin. Ce lundi soir, 50% des news ont concerné l’épilogue de l’affaire DSK, soit cent fois plus que la durée de l’entrevue qui en a scellé l’accord, 30% la fronde présidentielle soi-disant personnelle contre les auteurs de la Frondeuse, 10% le prix Nobel de la paix reçu par l’Europe, dont on parle de façon presque gênée alors que nous devrions en être extrêmement fiers, et 10% se dispersaient entre l’exil fiscal de Depardieu,  le rêve de revanche de Berlusconi après la démission de Mario Monti, et une petite dose d’un Ministre de l’éducation nationale qui se rêve en DRH recruteur.

Du côté des sujets de fond, la banque de France, plus pessimiste que d’autres sources de conjoncture, nous annonce des lendemains encore bien difficiles, tablant sur une baisse de 0,1% du PIB au quatrième trimestre. Ce qui signifierait, techniquement, après le même recul au troisième trimestre, un épisode de récession. Du côté social, la répercussion de la crise longue et du chômage est sans pitié. La conférence nationale de lutte contre la pauvreté s’est ouverte hier sur le bilan alarmant de 14% de Français touchés par la pauvreté, du mal logement, du non accès aux soins, de la précarité énergétique, du surendettement, etc. Une conférence dont on attend assez peu, compte-tenu du manque d’emprise ressenti du politique sur la conjoncture, et ce n’est pas le dernier (plutôt nième) épisode sur Florange qui viendra contredire cette perception. Florange qu’il faudrait, paraît-il sauver, sans très bien savoir pourquoi.

Au delà du principe de sauver des emplois, ce dont tout le monde peut être d’accord, quelle est la stratégie de long terme ?, que fabrique Florange ? en quoi est-ce un actif stratégique ou d’avenir ? Pourquoi personne ne nous fait rêver sur Florange ? sur l’acier de demain ? Le jour où l’Europe reçoit son prix Nobel de la paix, où tout le monde se gargarise de la fameuse amitié franco-allemande (mais au fait, combien de Français ont des amis allemands ? ou parlent allemand ?), n’y avait-il pas un clin d’œil possible à l’histoire pour parler d’acier européen 60 ans après la création de la première pierre européenne, à savoir la Communauté européenne du charbon et de l’acier (la CECA) ?

Un autre sujet de fond est certes évoqué dans les mots, mais peu dans les faits, c’est bien sur la fabuleuse question de la transition énergétique, un projet passionnant, mais souvent trop passionnel. L’inflation énergétique est une évidence, elle entraine précarité sociale et manque de compétitivité économique. Sur ce sujet de l’énergie comme sur les autres, les solutions ne passent pas par l’écume de l’actualité, mais par des choix stratégiques de long terme et par la capacité à innover lorsque trop souvent nous réagissions plutôt qu’anticipons.

Pour définir une stratégie et innover, il faut aussi, même dans les difficultés, montrer des signaux encourageants, cesser de casser le moral à longueur d’informations. 

Aujourd’hui, le 11 décembre 2012, le réseau national des Chambres de Commerce et d’Industrie clôture son opération « 500000etmoi » invitant des entrepreneurs à raconter à travers une vidéo leur projet de création d’entreprise ou d’entreprise récemment créée. Une idée simple qui a généré, en seulement deux mois, près de 800 pitchs vidéos postés, plus d’un million de pages vues, et près de 200 000 personnes votant pour soutenir ces projets. Cette année, en pleine tourmente conjoncturelle, la création d’entreprises devrait rester stable par rapport à l’année dernière (470 000 à fin octobre, + 2,6% versus fin oct 2011, grâce aux auto-entrepreneurs il est vrai), mais surtout, toutes ces vidéos partagent un état d’esprit positif, de l’enthousiasme, de la passion et de l’envie d’avancer.

Que la France entreprenne, innove, conquiert des marchés, est la meilleure nouvelle qu’il faut souhaiter voir se développer. Si on peut être choqué par l’ingérence présidentielle sur la sortie d’un livre, il est une ingérence citoyenne que l’on pourrait apprécier, c’est celle d’imposer un quota de bonnes nouvelles pour augmenter l’audience des initiatives et réalisations encourageantes !

L’édito du mardi sur atlantico

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