Le développement durable, facteur de compétitivité

See on Scoop.itAlain Renaudin

Malgré la crise, les dirigeants de PME-PMI sont toujours nombreux à juger stratégique la mise en place de nouvelles actions environnementales, sociales et sociétales. Notamment pour gagner en compétitivité.

Alain Renaudin‘s insight:

Le résultat de cette étude Generali- CSA auprès de dirigeants de TPE/PME est une constante depuis manitenant 10 ans, je le mesurais déjà lorsque j’ai lancé l’observatoire du développement durable en 2002. Ceci tant auprès des dirigeants d’entreprises que de l’opinion publique qui ne perçoit quasiment plus d’opposition entre écologie et économie. La question, le déclic, c’est désormais de passer du pourquoi au comment, et d’y passer intensément (syndrome de la courbe en U). Et ça, aussi, cela fait quelques années que ça dure !

Toutefois, à la lumière de l’expérience de ces études et de la confrontation avec la réalité des engagements et des attitudes des entreprises, il convient de relativiser un peu l’analyse, ou de se montrer, disons plus exigeants:

Certes, les dirigeants interrogés déclarent à 59% « intégrer de plus en plus les actions environnementales, sociales et sociétales dans la stratégie de leur entreprise », mais il faut reconnaître que tout cela représente un ensemble tellement vaste qu’il serait difficile de ne pas le prendre en compte, et que ces préoccupations sont devenues tellement politically correct qu’il est compliqué de les ignorer. Mais surtout, contrairement à ce que dit le rapport en prenant en compte une date référente de 2011 (qui doit être celle de la mise en place du baromètre et non la référence conjoncturelle qui s’impose) et en annonçant une « révélation » en date de cette année, ce phénomène est beaucoup plus ancien, une bonne dizaine d’année en amont, le début des années 2000, autrement dit, le début de la mise en place des lois NRE, une règlementation qui n’a pas grand chose à voir avec la libre initiative des dirigeants d’entreprises.

Une autre date référente est celle de 1987, celle de la publication du rapport Brundtland, qui pose les bases de l’approche du Développement Durable. Une autre date encore plus ancienne est cella du premier sommet de la Terre qui s’est tenu à Stockholm en 1972, poursuivi de décennie en décennie jusqu’à l’édition de « Rio+20 » en 2012. De sommet en sommet, des éditions qui vont d’échecs en échecs.

Autrement dit, cette histoire de Développement Durable est à la fois une histoire déjà ancienne et toute récente. Et si le travail d’alerte et de sensibilisation mondiale a eu lieu, cette première période (une première phase qui va être suivie par une autre de nature différente) a pour l’instant davantage interpellé l’acteur citoyen que l’acteur économique ou politique. Les comportements ou actions revendiquées par les dirigeants d’entreprises sont pleinement louables et bénéfiques, mais restent davantage des actions de managers-citoyens que de managers-entrepreneurs. Il s’agit plus souvent de chercher à réduire l’empreinte écologique et sociale (ce qui encore une fois est formidable) tout en continuant son acticité « as usual » que de chercher à s’inspirer de son empreinte écologique et sociale pour changer son activité. Les changements sont alors davantage des optimisations marginales que des innovations rupturistes.

L’étude révèle d’ailleurs toute seule ce paradoxe des chefs d’entreprise si on regarde de plus près: s’ils sont légèrement majoritaires (55%) à considérer que la prise en compte de ces questions favorise la compétitivité de l’entreprise, ils sont plus nombreux (68%) à reconnaître que la crise a freiné cette prise en compte ; Si les motivations principales sont celles d’augmenter la performance économique de l’entreprise et d’en réduire les coûts de fonctionnement, les principaux freins sont ceux du manque de moyens financiers et d’absence de démonstration du retour sur investissement. Ces résultats en regard démontrent bien l’apparent paradoxe de dirigeants « pas si convaincus que ça » en tant qu’entrepreneurs, et qui pour résoudre cette équation s’en remettent à l’Etat en estimant que ce sont surtout les avantages fiscaux qui leur permettraient d’avancer dans une plus grande intégration de ces questions environnementales et sociales dont par ailleurs ils s’estiment convaincus qu’elle représentent un avantage compétitif tangible …

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